Pour et vers davantage de sobriété
D’emblée, le terme de sobriété est associé à la consommation d’alcool ou de tout autre produit addictant, mais je suppose que le présent thème d’étude n’est pas axé sur la sobriété en regard de telles substances. Notons toutefois cette citation de Saint Thomas d’Aquin, qui pourrait diminuer notre mauvaise conscience lors d’agapes frugales bien arrosées : «L’usage du vin est affaire de modération. Le vin réchauffe et réjouit, on en donne aux faibles pour les conforter mais aussi aux malades enfiévrés. La sobriété n’est pas abstinence, c’est la mesure de cette boisson délicieuse»
P. S. – Flumen Fraternitatis, Genève (Revue maçonnique suisse: mars 2011)
L a sobriété fait aussi référence à la modération, à la mesure, voire à la discrétion dans sa façon d’être et d’agir. Dans notre société de consommation il est courant de rencontrer des personnages dont la tempérance dans les actes est loin d’être leur point fort. L’homme n’est en effet pas aussi vertueux qu’on pourrait le croire. Le Créateur a tout mis en oeuvre pour qu’il soit le reflet de Lui-même et cependant l’envie, la cupidité, la jalousie, le mensonge, le paraître et surtout l’argent ou le besoin de posséder ont détruit le Travail du Grand Architecte.
Nous vivons dans un monde où chacun fait son chemin sans s’occuper de l’autre dans un sens positif. Il est de plus en plus fréquent de prendre un être bon pour un extra-terrestre et d’en profiter parfois jusqu’à son anéantissement. Celui qui tend la main pour venir en aide par la parole ou au travers de gestes concrets n’est guère considéré. La reconnaissance d’une belle action, les remerciements, serait-ce par le biais d’un regard ou d’un mot bienveillant, ne sont plus d’actualité. Je tiens cependant à souligner que notre assistance à autrui devrait être apportée de manière absolument désintéressée ; notre main gauche doit ignorer ce que la droite a offert.
L’ingratitude se manifeste tant au sein de la cellule familiale que dans les relations dites amicales ou amoureuses. Il conviendrait dès lors de prendre pleine conscience de notre comportement pas toujours digne d’un humain créé – peut-être de façon utopique – à l’image de Dieu. Pourquoi les maigres riraient-ils des gros, les beaux stigmatiseraient-ils les laids et les personnes intelligentes dénigreraient- elles celles peu instruites? Chacun a sa place sur cette terre, toute pierre est utilisable dans la construction du temple de l’humanité.
La vanité, la jalousie, le mensonge, l’irrespect et j’en passe ne doivent plus habiter notre esprit. Il importe d’entreprendre un travail quotidien afin de remplacer les sentiments néfastes par l’affection, l’écoute, l’empathie, l’aide, l’estime et surtout l’Amour sans aucun intérêt personnel. Alors seulement, notre vie ici-bas serait-elle plus harmonieuse. Vous me direz irréaliste et cela se peut car, comme déjà indiqué, l’un des éléments qui anéantit notre existence de tous les jours est l’argent, quoique indispensable.
Humilité et déférence
En franc-maçonnerie, la sobriété – dans le sens de fuir le vice et de vaincre ses passions – n’est pas toujours au rendez-vous. Un frère atteint de «cordonnite aiguë», et Dieu sait s’il y en a, n’est pas à mes yeux un être sobre. Il n’est pas rare de croiser dans nos loges des maçons ployant sous les médailles dont le cliquetis attire l’attention. Et je ne parle pas de ces évacuations verbales qui n’ont d’autre but que de mettre en évidence auprès de l’assistance l’orateur en question, ses paroles n’ayant souvent de signification que pour lui-même.
En conclusion : soyons sobres dans notre tête et travaillons sur nous-mêmes. OEuvrons jour après jour à dessein d’avoir peut-être de l’argent, proprement et honnêtement gagné, sans pour autant le laisser régir notre vie, et qu’il ne soit plus l’unique objectif que nous désirons atteindre. Efforçons- nous également à davantage d’humilité et de déférence. Ne nous présentons pas comme seuls détenteurs de valeurs fondamentales ; nos chromosomes ne se sont pas modifiés avec la réception de la Lumière. Aimons notre prochain comme soi-même, avec Force, Sagesse et Beauté et non avec envie. Faisons rimer sobriété avec fraternité car demain il sera peut-être trop tard!