Le REAA, une pratique d’éveil spirituel

Le Rite Ecossais Ancien et Accepté (REAA) invite l’initié franc-maçon à un voyage dans l’intériorité de sa conscience, à la conquête de son Temple intérieur pour porter au-dehors les fruits de sa propre mutation. La spiritualité du REAA offre à chaque grade l’élévation de l’esprit et du coeur, laquelle conduit l’initié vers la Connaissance, le couronnement de son oeuvre. Et aussi à vivre en cohérence avec l’éthique de vie reçue. Eclairage à travers la Loge symbolique ou « bleue ».

A aimer, agir » lors que la démarche du Franc-maçon s’inscrit dans la continuité spéculative des confréries des bâtisseurs de cathédrales, la force et la portée intemporelle et universelle du REAA proviennent de l’intégration des principaux courants de pensée philosophiques, spirituels et ésotériques. Mentionnons, ainsi, le christianisme, le judaïsme et le soufisme, l’hermétisme, le rosicrucianisme, la gnose, l’alchimie, la kabbale, les philosophes Platon, Pythagore et Socrate ou encore les Grands Initiés Bouddha, Jésus, Mahomet, Moïse, Zarathoustra, etc., sans oublier la chevalerie et sa dimension templière. Comme le REAA s’inscrit dans la Tradition Primordiale qui transcende toutes les religions, toutes les spiritualités et tous les mythes, chaque Franc-maçon peut s’y reconnaître et trouver sa voie indépendamment de sa façon de penser, de son origine, de son ethnie et de sa confession.

Car le REAA est bien une voie qui, à partir de l’apprentissage de la maîtrise des mécanismes intimes et de la manière d’en assurer le fonctionnement juste, permet d’appréhender le mystère de la vie et de son origine. Le rite attribue ce « mystère » au Grand Architecte de l’Univers, c’està- dire au Principe qui se situe audelà de toute définition et de toute connotation religieuse. D’ailleurs, le REAA ne dicte aucune consigne ni mot d’ordre sur la voie à suivre. Il dit simplement qu’il en existe une et que c’est à chacun de la trouver. En effet, le rite postule que chaque initié est apte à trouver la Vérité et la Parole Perdue en la cherchant. Sur ce premier axiome, il doit travailler à la gloire du Grand Architecte de l’Univers pour bâtir et organiser l’Ordre en lui par la parole et l’exemple, mais aussi hors de lui par l’action ; pour y parvenir, l’initié doit être à la fois un bâtisseur et un chevalier. Le second axiome concerne la liberté de penser ; l’initié se réalise en avançant sur le chemin de la vie intérieure qui demande une totale émancipation. S’émanciper signifie apprendre à sortir de tous les attachements qui emprisonnent. S’initier, c’est donc également construire sa liberté. Et s’ouvrir à la liberté constitue le facteur déterminant dans la réussite d’une vie intérieure.

Tomber le masque

Le Franc-maçon, l’initié, est en quête de la Connaissance, précisément la « co-naissance », qui correspond à une naissance à soi-même (Paul Valéry) ou à une renaissance avec la conscience de son appartenance à l’immense histoire de la vie, porteuse d’une parcelle du principe de vie, d’humanité. C’est grâce à cette même Connaissance éclairée par sa conscience que le Franc-maçon peut accéder à une certaine Vérité. Cette éthique, renforcée par les valeurs et les vertus acquises, conduit en théorie à davantage de justice, de liberté et au mieux vivre ensemble fraternel.

La démarche maçonnique adogmatique du REAA est avant tout une pratique d’éveil spirituel, une métanoïa au sens d’un changement d’attitude, de comportement, de manière d’être et de vivre, qui surgit de dépouillements successifs dont le Franc-maçon, l’initié, est le seul acteur et le seul témoin. Par le chemin ascendant du Devoir qui s’impose à lui de parvenir à la maîtrise du soi, à l’éclairage de ses forces et de ses faiblesses, et à savoir tomber le masque dans une connaissance de son moi profond. Au fond, une sorte de lâcher-prise. Parce qu’il agit par Devoir, celui que lui dicte sa conscience, le Franc-maçon écossais est un homme droit, pratiquant l’équité. Guidé par un Principe élevé, il ne peut que se corriger en redescendant dans la conduite de son existence, rectifiant ainsi progressivement ses moeurs et ajustant son action. On rejoint là le triptyque du REAA : « Comprendre, aimer, agir ».

Débarrassé des perturbations, prismes conscients ou non, ego et passions, qui ligotent et faussent la perception de la réalité, de même que de la dualité puisque le REAA réunit la matière et l’esprit dans l’Unité, le Franc-maçon devient apte à construire son Temple intérieur : « Le Temple que nous devons construire en nous-mêmes, c’est le système de nos savoirs acquis, de nos idées et de nos règles de conduite, que nous tentons de rassembler en un tout harmonieux, autant que le permet l’imperfection humaine », précise le rite qui exige la rigueur dans sa pratique, l’assiduité dans la durée et un travail tant personnel que collectif. D. P.