L’internet : le Janus du numérique
Le net constitue une richesse incontestable et incontournable. Il faut l’utiliser à bon escient en restant vigilant. Le déni des dangers est digne de l’autruche, pas de l’Initié. A chacun de se soumettre à une discipline personnelle, bien légère lorsque les bonnes habitudes sont prises. Propos d’un Frère utilisateur au quotidien.
Par le Frère Philippe Dubois, membre de la Loge les Frères Bâtisseurs ( Lausanne )
Il convient tout d’abord de distinguer l’Internet des réseaux sociaux. Lorsque je cite simplement l’Internet, ou le net, ou la toile, je sous-entends cette inépuisable source de données disponible en quelques fractions de secondes. Il s’agit donc pour le chercheur ( l’internaute ) de recueillir des informations mises à disposition par les auteurs des pages consultées. Si la source du document est connue, il n’y a pas d’échange entre l’auteur et le chercheur, dans un premier temps du moins. Les réseaux sociaux, quant à eux, utilisent le net comme support de communication. Mais ils sont surtout conçus pour mettre les êtres humains en relation. Il y a donc échange et partage d’informations sous forme de messages et de fichiers ( textes, musique, photos, vidéo ). Avant de pouvoir utiliser l’un deux, tels Facebook, Google+, LinkedIn, etc., on commence par se présenter, en fournissant sur soi un certain nombre d’informations de son choix pouvant comprendre des données diverses, une ou des photos, voire des vidéo. Si le site comprend une fonction Tchat, une discussion écrite et directe a lieu entre les personnes connectées sur le moment. Là encore, il est possible d’envoyer en direct tous types de fichiers.
Vision maçonnique du net
L’Internet, comme les réseaux sociaux, est un pavé mosaïque, dont la surface recouvre notre Terre dans sa quasi totalité et qui fonctionne à la vitesse de la lumière. Il comprend non seulement des cases blanches et des cases noires, mais également des fils qui serpentent entre chacune des dalles du pavé, constituant ainsi une gigantesque toile, La Toile, par analogie a une toile d’araignée. Et nombre de pièges y guettent l’internaute, même prudent…
Internet, côté lumière
Confiants et optimistes, commençons par le côté lumière. Pour le Franc-maçon, le net est un outil de travail d’une extraordinaire puissance. Pour s’en rendre compte, imaginons ou rappelons-nous un instant notre travail avant son arrivée. Au niveau de la recherche, il nous fallait courir les bibliothèques, acheter ou emprunter un, ou deux, ou dix ouvrages, afin de rédiger une Planche. Avec le net, où que nous soyons ou presque, il suffit de nous connecter avec un de nos supports mobiles ( PC, tablette et smartphone ) pour accéder à tout et tout de suite. Auparavant, notre Planche rédigée et lue allait finir une existence poussiéreuse dans notre bibliothèque, celles de la Loge et de quelques Frères. Avec le net, nos travaux ont une seconde vie, numérique et virtuelle. Les réseaux sociaux nous permettent d’échanger nos Planches avec une multitude de Frères, puis de les commenter par l’intermédiaire des Tchats. Pour l’Ordre en général, le net représente une plate-forme de communication idéale pour se présenter, expliquer les valeurs, l’histoire de la Franc-maçonnerie, nos objectifs, nos idées, des textes rédigés à l’intention des profanes, etc.
L’Internet, côté ténèbres
Mais hélas, il nous convient d’examiner les côtés ténébreux du net. Et, ceux-ci comportent de multiples facettes. Je ne vais pas toutes les décrire, mais plutôt m’attacher aux risques spécifiques liés aux Francs-maçons. Le risque majeur est évidemment de voir son appartenance dévoilée ou, pire encore, voir l’appartenance de ses propres Frères dévoilée par sa faute. Une telle possibilité existe lorsque vous envoyez un document non protégé par mail à une mauvaise adresse. On peut facilement se tromper, par exemple en sélectionnant dans son carnet de contacts un destinataire qui n’est pas un Frère. Un autre danger, dont certains Frères ont déjà été victimes, est de se faire voler son fichier de contacts numériques stocké sur son ordinateur, sa tablette, son smartphone. Ce vol se fait lorsque vous êtes connecté ; un programme malveillant identifie votre fichier d’adresses, puis envoie une copie de ce dernier par mail, sans que vous ne le remarquiez. Une troisième possibilité réside évidemment dans le vol physique de votre matériel. Et là, je me permets quelques conseils de précaution, non exhaustifs : vos documents doivent être, si possible, rendus « maçonniquement » anonymes ; c’est le moyen le plus simple et le plus sûr. Portez une attention particulière à votre fichier de contacts ; celui-ci ne doit comporter aucune allusion à l’Ordre ; par exemple, ne pas écrire VMC ou Vénérable avec le nom du Frère concerné, supprimer les trois points, etc. Si ce n’est pas possible, s’agissant par exemple de la liste des Frères de votre Atelier, ou des photos vous représentant tous en tabliers et décors, les fichiers doivent être protégés par un mot de passe ; à vous de le communiquer, de manière indirecte et séparément, et de veiller à le changer périodiquement.
Si vous fréquentez les réseaux sociaux, les professionnels comme les autres, faites comme si vous n’étiez pas Francmaçon ; donner des informations personnelles sur ces réseaux équivaut à les diffuser partout et à tout le monde; à vous de voir.
Communiquer sur nos propres sites
Pour ou plutôt contre l’Ordre en général, le Net représente une plate-forme de communication idéale… pour tous ses opposants et adeptes des théories de complots en tout genre. Pour lutter contre ce type de menace, la seule règle globale qui s’impose est d’ignorer pour éteindre toute forme de polémique. En effet, on ne peut que perdre face à une personne de mauvaise foi, sans morale et sans limite. Parallèlement, il convient de communiquer encore et encore, mieux et régulièrement sur ses propres sites, en particulier ceux des Grandes Loges.
En ce qui concerne les sites Internet des Loges et surtout ceux des Grandes Loges, ils ne sont pas tous à la hauteur du défi, tant s’en faut. Une de leurs pages devrait d’ailleurs aborder le domaine de la sécurité et proposer aux Ateliers et aux Frères d’appliquer les mesures nécessaires dans ce domaine. Un organe de communication pourrait même assurer une coordination entre les Grandes Loges, afin d’assurer un niveau de connaissances actualisé des menaces éventuelles et une réponse cohérente. En homme libre, je me mets à rêver !